L'école rurale de Deigné en Belgique

 

Intro

Deigné est un petit village à côté d’Aywaille, dans l’est de la Belgique.
Les élèves y ont réalisé un potager, une mare, des bacs pour cultiver des fraisiers et même un hôtel pour les insectes...
Séverine Wislez, institutrice de 5ème et 6ème primaire, nous raconte ce qu’elle et ses collègues organisent comme projet dans son école.

Objectifs pédagogiques

Le 1er objectif est de sensibiliser les enfants à leur environnement et puis à partir de là et développer diverses compétences en français, en math pour pouvoir mettre ces projets en place dans l’école ou pour pouvoir les poursuivre parce qu’ici on est plutôt dans une phase de poursuivre.

Les enfants ont beaucoup travaillé au départ car il a fallu mettre tout en place, et maintenant c’est plutôt ponctuel. L’objectif premier est de sensibiliser l’environnement, surtout avec tout ce qu’on entend actuellement avec le climat, les enfants y sont fort sensibles. Mais nous veillons toujours à travailler les différentes compétences comme le français, les mathématiques, l’éveil.

Journal de bord

Il y a quelques années on avait déjà mis en place un potager et une maison à insectes ; on était dans une dynamique écologique et de protection de l’environnement. Il y a 2 ans on a eu l’opportunité de participer à un projet qui s’appelle « Ose le vert et crée ta cour », projet de la Communauté française et de la Région wallonne, nous avons postulé et nous avons été sélectionnés. Nous avons donc reçu une bourse pour mettre les choses en place, on a demandé l’avis aux enfants pour savoir ce qu’ils en pensaient ainsi qu’entre collègues.

On avait un tout petit coin vert, un petit jardin dans lequel les enfants ne savaient pas circuler donc on a décidé de l’agrandir, pour que les enfants s’y sentent bien et pour qu’en été ils puissent y aller, on a mis un banc et une souche d’arbre pour qu’ils puissent aller flâner au milieu de fleurs et des framboisiers. On a refermé un peu ce jardin avec des palettes dans lesquelles on a planté des fleurs mais surtout des fraisiers pour qu’ils puissent au printemps bénéficier des petites fraises et aller les picorer. On y a également installé un récolteur d’eau de pluie pour pouvoir arroser notre potager.

L’année passée comme il a fait fort chaud les enfants y sont allés régulièrement. Comme il y a beaucoup de toitures, il fallait en profiter pour récolter l’eau de pluie pour le potager plutôt que d’aller à chaque fois prendre de l’eau au robinet ; on aurait aussi souhaité installer une mare à côté de l’école mais c’était assez compliqué au niveau de l’infrastructure puis finalement on a trouvé une solution et, avec l’aide des enfants on a fait une petite mare à l’entrée de l’école – on a pris une mare préformée pour une question d’organisation pour ne pas que l’eau déborde sur les murs de l’école, car elle se trouve à côté de la façade.

On a cherché avec les enfants des plantes de notre région qui pouvaient convenir – pas des plantes tropicales – pour attirer la faune dans notre mare. On n’a pas mis de poisson car une mare avec des poissons n’attire pas des batraciens - donc nous espérons en avoir dans les prochaines années. On a installé un banc de la convivialité autour d’un énorme hêtre qui est dans notre cour depuis des dizaines d’années – (Ndlr : en Afrique on appellerait ça un arbre à palabres, un grand baobab où les gens se réunissent autour pour discuter). Nous avions aussi un potager qui existait avant le projet, mais avec ce projet nous a remis des choses, on l’a étayé, il est donc en cours de réaménagement.

On utilisait des palettes de récupération pour créer des bacs – pour le coût et la réutilisation, malheureusement après 4-5 ans, les bacs se détériorent et donc il faut les renouveler.

Via l’implantation d’Aywaille, on a la chance de recevoir un autre grand bac dont ils n’ont pas l’utilité – et on va donc refaire un potager.

Pourriez-vous expliquer ce que font les enfants ? Est-ce qu’ils mènent les projets, qu’ont-ils comme activités concrètes ?

Au niveau du potager on lit dans les livres chaque année des tableaux de semis, pour savoir quels légumes on va planter, on sait que les 2 mois d’été nous ne sommes pas là, les enfants doivent trouver des légumes qu’on pourra récolter soit avant l’été soit au mois de septembre donc quand on reviendra avec toujours comme inconvénient de se dire qu’en été ils ne sont pas toujours arrosés, l’année passée avec la sécheresse, même si quelques institutrices sont passées arroser, ce n’était pas suffisant, il aurait fallu un arrosage journalier, et cela n’était pas possible.

Les enfants doivent donc penser à ça, chaque année au niveau de l’apprentissage, ils doivent chercher, ils peuvent bien entendu penser à ce qu’on avait mis l’année avant, voir ce qui a fonctionné ou pas fonctionné, en lisant les tableaux de semis, cela nous permet de savoir quand on va recevoir nos légumes, quand on va pouvoir les récolter, quand on doit les planter, on lit aussi que certains légumes ne sont pas amis, on essaye de planter des choses qui vont bien ensemble dans les mêmes bacs.

Au niveau de jardin, quand on l’a agrandi, ce sont les enfants de 5ème et 6ème qui ont calculé la terre qu’on allait devoir demander à gauche, à droite pour avoir de la bonne terre, ils ont calculé en m³, pas évident car ce n’est pas une forme carré ou rectangulaire, vu que nous sommes dans un projet éco-responsable, on fait beaucoup de lectures, de débats, les dictées par exemple sont souvent orientées sur un sujet écologique ainsi on peut en discuter avant de faire la dictée, au journal télévisé parfois il y a des sujets qui interpellent et on en discute.

On a refait une maison à insectes, on s’est documenté, on a fait des ateliers, pour voir l’utilité de l’abeille, comment on la distingue d’une guêpe, pourquoi la maison à insectes est utile, des lectures sur la disparition des abeilles, etc.

La maison à insectes

Quelques photos de ce beau projet

Les objectifs ont-il été atteints ?

Bientôt en ligne..

Suites à donner au projet

Poursuivre nos aménagements actuels, on l’espère avec l’exploration de la mare, il faut attendre au niveau de la faune et la flore. Les grenouilles, les batraciens vont aller pondre et on espère observer les petits insectes. On a acheté des loupes pour aller les observer, mais cela avec le temps... il faut de la patience, c’est aussi un apprentissage pour les plus petits. En discuter aussi point de vue climat,

Conclusion

Quels sont les conseils à donner à un enseignant ou à une équipe d’enseignants qui voudrait commencer ce même genre de projet ?

Faire confiance aux enfants, partir de leur motivation, et voir comment ils imaginent, bien réfléchir en équipe, voir ce qui est faisable, ça nous a demandé beaucoup d’heures de concertation, des petits détails qui ont toute leur importance par rapport au projet, et de travailler de A à Z avec les enfants. Il y a bien entendu des choses pour lesquelles on a dû faire intervenir des adultes, mais les enfants étaient présents. Des parents sont également venus aider, quand on a créé la mare, ou déplacer les 9 m³ de terre, un samedi, l’idéal aurait été en journée en semaine mais ce n’était pas possible pour eux, les enfants ont participé à tout même les plus petits, car c’est leur projet.

Nous on assistait pour éviter qu’ils ne tombent dans la mare.